"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

Le confinement dans les Îles,

Publié le 17 avril 2020 à 16:15

une longue histoire de solidarités (extraits)

.../...En ces temps de confinement, certains ont cherché à fuir les villes pour trouver refuge à la campagne ou au bord de la mer. La presse a largement évoqué l’arrivée remarquée et critiquée de résidents secondaires dans les îles de Bretagne.

Dans ce contexte particulier, les petites îles côtières s’affirment comme une destination rêvée et privilégiée, un refuge protecteur pour les hommes comme c’est le cas des petites îles italiennes ayant échappé grâce à leur insularité au Covid-19.

Espaces clos et limités, difficiles d’accès et isolés du continent, les territoires insulaires, d’une certaine manière naturellement confinés, interrogent la notion relative du confinement et au-delà du vivre ensemble.

Les îles, du fait de leurs spécificités biologiques en lien avec l’isolement sont des écrins à haute valeur environnementale. À l’heure de la banalisation des espaces littoraux, ces caractères remarquables en font des lieux recherchés et contribuent à une importante fréquentation humaine et une forte pression foncière. L’une des conséquences est bien souvent un emballement du prix du foncier bâti, excluant les populations d’origine au profit de nouvelles aux revenus incomparablement supérieurs.

Les menaces et les atouts remarquables des îles sont à mettre directement en lien avec le caractère limité de l’espace et l’isolement. C’est vrai pour ce qui relève de la nature, mais cela l’est également pour les activités humaines.

Dans les îles du Ponant toujours, où l’agriculture, à l’exception de Batz et de Belle-Île, avait quasiment disparu depuis les années 1970-1980, un renouveau agricole voit le jour.

Les productions locales dans le domaine de l’élevage et le maraichage, les circuits courts, sont des modèles qui se multiplient en parallèle avec de nouvelles productions, comme la vigne. De même la transformation des produits locaux est encouragée tout comme la recherche de nouvelles activités dans le domaine de la création ou du numérique.

Ces changements récents s’accompagnent de l’arrivée de néo-résidents. Cela se traduit par une augmentation de population, sensible pour certaines îles, et témoigne de formes de renouveau des territoires insulaires. Ces derniers pourraient potentiellement devenir de véritables laboratoires pour expérimenter et mettre en œuvre des solutions alternatives et résilientes pour le vivre ensemble et le bien-être des populations.

La cadre limité de l’île encourage largement ce type d’évolution et de réflexion. Sur ces petites îles, chacun se connaît, l’apport des uns complète celui des autres, les frontières sociales s’estompent et les liens entre générations se resserrent. Les îles, terres d’utopie, ont été et sont toujours des terres fécondes pour imaginer de nouvelles perspectives.
L’association INZI développe l’offre culturelle dans les îles du Ponant (Bretagne) en dehors de la saison touristique (France 3).

L’île est un terreau favorable à l’expression de multiples solidarités. Les exemples ne manquent pas, notamment dans le domaine du sauvetage en mer, mais aussi de l’entraide au quotidien. Un indicateur en témoigne.

Une étude récente porte sur la vie associative dans les îles du Ponant. On y recense quelque 500 associations pour 16 310 habitants. Le nombre d’associations pour 100 habitants est 1,5 fois plus important dans les îles que sur le continent, témoignant d’une densité bien plus forte.

Cette vitalité associative est une conséquence de l’insularité : dans l’île, on sait se retrouver pour construire un projet ensemble, pour faire la fête et aussi se soutenir. Car, quand une menace pèse sur la communauté, les conflits internes s’estompent pour le bien commun. Finalement, l’île protège ses habitants de l’intérieur, mais se protège aussi de l’extérieur.

D’une manière générale, l’île est perçue par chacun comme un cocon protecteur. Dans le contexte actuel de confinement national, on peut considérer l’île comme un bateau immobilisé à quai pour les îliens, ou une prison dorée, pour les résidents secondaires.

Pour les premiers, le confinement n’est pas une découverte. Les marins, fort nombreux dans un passé proche dans les îles du Ponant, connaissaient parfaitement cette situation à bord des bateaux. Pour certains, embarqués actuellement sur des plates-formes pétrolières ou la pêche hauturière, elle est toujours réelle. Il arrive que les îles ne soient pas accessibles à cause des tempêtes. Durant le mois de février 2014, en raison de la météo neuf rotations journalières sont annulées dont six en dix jours. les tempêtes de 2014

Enfin, dans ces petites îles de quelques centaines d’habitants, vivre ensemble sur un espace réduit est une sorte de confinement parfaitement maitrisé. Si le confinement actuel ne permet plus de se rencontrer aussi aisément, de discuter sur les quais ou de boire un verre dans un bistro, il n’est en rien comparable à ce que peuvent vivre des familles dans de petits appartements de quartiers urbains densément peuplés. En fait, le confinement extérieur (vis-à-vis du continent) est beaucoup mieux vécu par les îliens que le confinement intérieur (sur l’île), le premier n’étant pas exceptionnel.

Pour les résidents secondaires, il s’agit de profiter d’un confinement bien plus doux, moins anxiogène sur l’île que dans la grande ville. Cet avant-goût de vacances imposées, mais rendues possibles dans un cadre aimé, est légitime. Elle peut cependant se discuter sans pour autant justifier certains propos tenus à ce sujet sur les réseaux sociaux.

Dans l’imaginaire collectif des îles, la venue de résidents secondaires peut être vécue comme une intrusion dans l’entre-soi insulaire. Les îliens apprécient l’arrivée des vacanciers après la longue période hivernale, durant laquelle l’isolement et les épisodes météo sont parfois durs à vivre. Les maisons fermées s’ouvrent, les hôtels se remplissent. En revanche, en période de confinement sanitaire, cet intérêt économique et social n’est plus perçu et leur origine urbaine est analysée comme une menace potentielle, comme pour tout autre visiteur.

L’arrivée de résidents secondaires est restée relativement limitée (estimée à 600 personnes par exemple à Belle-Île pour 5 500 habitants selon la communauté de communes) mais pose question.

Les densités de population étant fortes dans les îles, on imagine aisément les conséquences de l’introduction du virus. Pour reprendre l’image de l’île-bateau, on comprend que la contamination de l’équipage par un nouvel arrivant engendre des conséquences souvent dramatiques pour tout le personnel de bord. L’île paradis se transforme en île infernale : dans les îles, les personnes âgées donc fragiles, sont nombreuses, l’encadrement médical restreint (certaines îles n’ont pas de médecins), la présence de policiers parfois inexistante et les évacuations sanitaires compliquées.

En cette période de l’année, les services publics sont réduits et les stocks alimentaires prévus pour la population de l’hiver restent limités. Pour les communes des îles, la difficulté première est bien d’accueillir un surcroît de population en période de crise sanitaire.

Actuellement, pour aller aux îles, il faut donc faire partie de l’équipage, c’est-à-dire être résident permanent. Sage mesure prise très rapidement par les maires des îles puis reprise par les préfets. Les rotations maritimes sont dorénavant réduites, le temps du ravitaillement. Celui du confinement s’écoule paisiblement. Les communes s’organisent, les commerçants s’adaptent, les îliens s’entraident.

En deux mots, les îles se protègent

Se déconfiner dans les îles en donnant l’exemple ?

À l’heure où l’on évoque les difficultés du déconfinement sur le continent, à Belle-Île le président du Conseil de surveillance de l’hôpital suggère de faire de l’île un territoire d’expérimentation. Il s’agit de proposer à l’agence régionale de santé l’organisation d’un test pilote de déconfinement, en réfléchissant collectivement aux critères à mettre en place, ce qui, selon le nouveau maire, semble plus facile ici qu’ailleurs.

Belle-Ile contribuera-t-elle à montrer le chemin à suivre pour le pays, prouvant ainsi toute la puissance démonstratrice et évocatrice de l’île ? Au-delà de la singularité et de l’intérêt de cette proposition, ce sont les valeurs de solidarité s’exprimant sous différentes formes aujourd’hui dans les îles qui demeurent essentielles.

Pour l’heure, selon une Groisillone interviewée au sujet du confinement, « le plus difficile, c’est de ne plus pouvoir s’embrasser et de ne plus marcher dans la mer ». Ce propos témoigne de deux choses : de l’importance du vivre ensemble dans les îles et du rapport étroit que les îliens ont naturellement avec la nature.

Louis Brigand theconversation.com

Commentaires :

  • Merci à Mr louis Brigand à l’origine de ce texte et merci à Anita de l’avoir judicieusement mis en ligne .

  • Une ile ou des iles laboratoire avec des cobayes ou des cowboy ? Un abÎme de perplexité m’envahi du coup... se sentir rat de labo est un poil embêtant.. Il y quelques semaines à peine le Virus de la spéculation immobilière et crise du logement était à la Une...
    Mettons nous sous cloche en espérant en sortir moins con sans avoir attraper le Bourdon..

    ... Fou..

  • Oui, merci pour ce beau texte, ça nous change un peu des "Wouaff wouaff" dont on ne sait pas s’il rit ou s’il aboie ( dans les pseudos à la c** il peut aussi essayer Naf Naf, Nif Nif ou Nouf Nouff, déjà utilisés par Walt Disney mais si cela reste dans les limites de ce blog je pense qu’il évitera le procès pour plagiat) ou de Georges de Locmaria qui balance sur les commerces d’après lui non essentiels ou sur les Groisillons qu’il côtoie (quand on a un ami comme Georges, a-t-on encore besoin d’ennemis, je vous le demande ?).

    Et j’avoue que je suis perplexe lorsqu’il s’interroge :" s’il y avait eu 10, 20 morts à Groix, les Groisillons ne seraient ils pas partis eux aussi ? " Euh... Partis où ? La majorité des Groisillons n’ont pas de résidence secondaire......................... Elizabeth Mahé ( c’est mon vrai nom) qui va dans les commerces non essentiels acheter du chocolat ou le journal et qui sort tous les jours pour aller nourrir et abreuver ses ânesses.

  • J’ai prévenu que je ne validerai plus les commentaires anonymes ou signés d’un pseudo inconnu. Malgré ça, ça continue d’affluer... à croire que certains ne font que lire leur propre prose : ça doit être pour ça qu’ils n’ont pas lu l’injonction de rester là où ils ont décidé d’habiter le 17 mars à midi !
    Le fait que ces commentateurs font un boulgui boulga d’opinions diverses et variées et même contradictoires (qu’ils vont à l’occasion chercher sur des pages sulfureuses) n’incline pas à faire crédit à leurs discours.
    Pourquoi brailler que les résidents secondaires sont malvenus à Groix ? ou alors seraient-ils devenus majoritaires à ne pas respecter les injonctions légales et le mode de vie insulaire ? Encore un effet "kiss pas cool" du confinement ?
    J’en ai de la chance, ceux que je connais sont, soit restés là où il étaient le 17 à midi, soit arrivés avant (pour voter par exemple) ET TOUJOURS LA.
    Ma mère disait toujours : "on a les amis qu’on mérite" ; alors merci aux miens d’être réglos !
    AM

  • Ilienne ou Francilienne ? Je m’y perds :-)
    AM

  • aaaaaaaaaahhh Madame Even, votre commentaire est un vrai régal pour un administrateur de blog (et non pas de site).

    Tout d’abord, je précise, puisque vous avez l’air d’être une visiteuse néophyte : je suis une descendante du premier des Tonnerre apparaissant dans les registres de l’Île (avant 1600) et donc des Le Gourong et de Le Ricouz, alliés de la famille à cette époque. J’ai appris à marcher à Quehello et à nager à St Nicolas avec un grand-père pêcheur (mort en mer). Alors, vos 4 générations ...... pffft !

    J’habite l’Île du 1er janvier au 31 Décembre et n’ai pas une mentalité de propriétaire (et c’est peu de le dire) donc pas de résidence secondaire.

    J’ai l’esprit avide d’apprendre et des amis du même métal. Je collecte donc depuis toujours tout ce que je trouve d’intéressant sur l’Île. J’ai pratiquement tous les livres édités à son sujet, je lis journellement la presse locale et me tiens au courant des recherches faites par plus capé que moi.

    Je n’ai donc aucun complexe face à une Francilienne.

    Avant de passer au fond de votre texte, rapidement la forme :

    Pas de ponctuation, des contresens (port louis qui est digérer sur groix) et un festival de fautes d’orthographe ( réflection ) !

    Le fond : D’abord comment comprendre que vous soyez Îlienne alors que vous habitez l’Ile de France ? Les Îliens sont les habitants permanents des Îles bretonnes et non ceux de la banlieue parisienne !

    Dire que le texte de Louis Brigand est de la philosophie est pour le moins une énorme lacune dans ce qui reste de vos acquisitions scolaires : c’est au mieux de la sociologie. Pour mémoire, Brigand est géographe.

    Quant à comprendre pourquoi vous tenez à m’expliquer le sens de mots que j’entends depuis 83 ans, alors là mystère ! Effectivement, comme vous le dites, comment puis-je faire pour m’y retrouver ... dans votre charabia ?

    Si cette réponse pouvait servir de leçon à tous ceux qui dégoisent sans savoir, ça me ferait des vacances (et des économies d’hébergeur)
    AM

  • petite pointe d’humour si je peux me permettre (sans prendre parti dans votre débat)

    Heureusement qu’il y a de temps en temps des arrivées de l’extérieur (touristes ou autres ) à Groix sinon vous auriez de sérieux problèmes de consanguinité avec le témoignage de vos origines toutes plus anciennes les une que les autres !

    Pour ce qui me concerne je dors tranquille mes parents sont nés sur des Îles .....
    (ma mère en Nouvelle Calédonie, mon père à Madagascar !) :)

  • Manier l’humour ne permet pas de répéter les lieux communs rabâchés par ceux qui ne connaissent pas l’histoire locale. Les Groisillons (et Groisillonnes) sont connus pour être de grands voyageurs et donc convolent souvent avec des continentaux. Sans compter l’apport de main d’oeuvre, et donc de noms "étrangers" dans l’Île au XIXème siècle* . C’est ainsi que la lignée de ma mère (une Tonnerre) s’est vue gratifiée d’un Breton meunier (Le Fur) et d’un Normand sabotier (Barbier)
    AM
    * C’est rigolo : je lisais ce matin l’article de Jo Le Port sur le sujet dans les Cahiers Groizillons de juillet 198O !

  • Donc on est bien d’accord , l’apport des continenteaux à été bénéfique pour l’ile ! 😊😊😉😉

    (esquissez un semblant de sourire Anita vous verrez ça fait du bien)

  • Je remercie chaque fois que j’en ai l’occasion les personnes qui viennent s’installer DEFINITIVEMENT sur l’Ile et qui y créent une activité.
    Je publie leurs recherches de logement ainsi que leurs réussites professionnelles ou artistiques..
    Elles ont bien du courage face aux bâtons dans les roues qu’elles rencontrent !
    AM

  • (esquissez un semblant de sourire Anita vous verrez ça fait du bien)

    Si vous connaissiez bien Anita, vous sauriez qu’elle sourit volontiers ! et qu’elle rit aussi beaucoup !

    Caro

  • le ridicule ne tue pas mais il va être difficile à porter pour les Even de votre famille sur Groix ...
    J’ai quelques réminiscences professionnelles qui me reviennent :-)
    AM

  • Aprais le confinement j’avez panser que cette été je pourrez faire un tour dans les c.even mai j’irez plutaut à Groa

    Fana qui adaure voyagez

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