Par les temps qui courent...un peu de littérature.....
Publié le 7 octobre 2013 à 13:20« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens
qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois.
Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient
la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis
fait très mal voir de la foule, en leur donnant quelques sols. Et j’ai
entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque
chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens
d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au
Philosophe, au Solitaire, au Poète. Et il y a de la peur dans cette haine.
Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Du jour où je
ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on
retire son bâton. »
Gustave Flaubert, lettre à Georges Sand - 12 juin 1867
Rénald