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Discours du 28 avril 2002 du Maire de Groix

dimanche 19 mai 2002

Discours prononcé le 28 avril 2002 par le Maire de Groix, Eric Régénermel, devant le monument aux morts, à l’occasion de la "journée des déportés" :

"Tout au long de notre histoire, des français sont morts pour faire avancer des idées simples et qui méritent toujours qu’on meure pour elles : liberté, égalité, fraternité.La France a toujours eu une longueur d’avance : terre de liberté, des droits de l’homme, la France a toujours été un phare pour le reste du monde. Depuis dimanche, l’image de la France des lumières s’est effondrée d’un coup après des siècles de lutte exemplaire pour trois idéaux :

Liberté : c’est avant tout l’absence de dictature. L’absence de bruit de bottes sous nos fenêtres. La liberté ne se vit que dans le respect de l’autre, de tous les autres.

Égalité : c’est avant tout l’égalité devant la loi et les institutions, quel que soit sa naissance, sa couleur de peau ses opinions politiques ou sa religion.

Fraternité : c’est ce qui fait que les deux premiers idéaux peuvent fonctionner dans une société humaine. Sans fraternité, sentiment que son prochain est son frère, pas de liberté ni d’égalité.

Regarder son voisin comme un étranger c’est déjà le priver d’exister à part entière, en faire une sous-catégorie d’être humain et battre en brèche toute idée d’égalité. Pas de fraternité, et c’est la haine qui renaît, avilissante, non pour ceux que l’on désigne comme l’objet de la haine arbitraire, mais bien pour ceux qui haïssent, car celui qui a perdu le sentiment de fraternité et d’amour et qui porte la haine en lui perd toutes les qualités qui ont permis aux hommes de construire les sociétés.

L’actualité ne manque pas d’exemples de spirales de haines qui n’aboutissent qu’au chaos et à la mort. Aux 225 électeurs de Groix qui ont voté pour l’extrême droite je voudrais poser cette simple question : Que vais-je dire à nos frères marquisiens ? Comment leur expliquer ce vote après tout ce que nous avons échangé de pur bonheur l’été et l’automne dernier ?

Lucien Kimitété, mon frère du pacifique, que vais-je te dire ? Que la France est raciste ? Que la haine est dans le cour des français ? Alors j’ai appelé Lucien, et il m’a dit ceci : que les îles, une fois de plus montrent au continents la voie à suivre : formons cette république des îles du monde, avec des gens de toutes cultures et de toutes couleurs, qui partagent des valeurs d’accueil et d’ouverture.

Je demande symboliquement, que tous ceux d’entre vous, petits ou grands qui refusent la haine, qui refusent le racisme, qui veulent une fraternité de tous les hommes écrivent un simple mot, une simple carte, une lettre où ils expriment cette fraternité. Nous mettrons à la mairie une grande boite commune et nous enverrons toutes ces lettres à Lucien".

Seul l’amour peut triompher de la haine.