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MINE DE SABLES MARINS

samedi 23 septembre 2006, par Admin

Rade Environnement avait écrit dès février à Nelley Olin.
Naturellement, aucune réponse ne leur est parvenue à ce jour.

Objet : Rade de Lorient - extraction de sable et protection du littoral.

Madame la Ministre,

Notre association « Rade Environnement » s’est mobilisée depuis le mois de mai 2005 pour mettre en évidence les nuisances du projet de cimenterie déposé par la Société CIMARMOR sur le site de LORIENT.
Les riverains et usagers de la rade ont été un peu plus de six mille (6 000) à signer notre pétition contre cette installation, montrant ainsi leur attachement à ne pas
laisser dégrader de manière irrémédiable leur environnement à la fois urbain et maritime.

Nous avons constaté lors de l’enquête publique prescrite par Madame la
Préfète du Morbihan que le projet CIMARMOR de production de _ ciment venait se
surajouter à la réalisation par la Société CEMEROC d’une unité de
conditionnement de ciment livré en vrac par la voie maritime.

Cette surabondance soudaine de projets cimentiers hors de proportions avec
la capacité d’absorption du marché régional paraît déjà surprenante par
elle-même. Elle rend inévitable le rapprochement de ceux-ci avec le projet d
’extraction de sable à partir de la zone comprise entre le Fort de
Penthièvre et la pointe de Gâvres. Les sondages préalables à l’extraction
ont été autorisés par arrêté du ministre de l’équipement et de l’industrie
du 3 mai 2005. Cette autorisation a été aussitôt déférée près du Tribunal
Administratif compétent par l’association de sauvegarde et de protection du
littoral de Gâvres.

Des évènements récents montrent qu’il existe des dynamiques conduisant à l’
instabilité des sables marins :
- La plage des Grands Sables de l’Île de Groix, plage convexe unique en
Europe, à l’extrêmité est de l’île s’est déplacée au nord de plusieurs
centaines de mètres ;
- Les sables marins du Pouldu (Guidel Plage) à l’embouchure de la Laïta ont
été déplacés sur l’autre rive de l’embouchure faisant partie du département
voisin du Finistère ;

D’autres évènements montrent la fragilité du cordon dunaire du littoral :
- Sur Ploemeur, les aménagements (sentier piétonnier, végétation) réalisés
par la Communauté d’agglomération Cap l’Orient dans sa partie proche de la
base nautique de Kerguelen ont été détruits par la mer ;
- Sur Gâvres, en 2001, une inondation par la mer qui a franchi le cordon
dunaire au cours d’une forte tempête a endommagé environ 80 maisons
- Sur Plouhinec en décembre dernier, 300 mètres des installations de
protection du massif dunaire et de sa végétation ont été détruits et, à
Gâvres, un petit immeuble du GERBAM (Ministère de la Défense) a été sapé et
déposé sur la plage.

De plus, aucun garantie n’a pu être donnée par les différents organismes
scientifiques habilités à produire un avis, sur les effets à moyen et long
terme sur les plages et le cordon dunaire de l’extraction de sable marin
pour une durée de cinquante années et pour la quantité annoncée. Or en
matière de développement durable, le sable marin fait partie des biens
primaires dits « non renouvelables » dont la destruction est irréversible.

L’ensemble de la zone littorale et maritime constituant la rade de Lorient
constitue un ensemble exceptionnel jusqu’à présent préservé malgré une rive
comportant un site portuaire et industriel. Le classement par vos soins
conjointement avec le ministre de la défense au titre de NATURA 2000 Rade de
Lorient de l’espace délimité sur les communes du littoral : Gâvres,
Locmiquélic, Plouhinec,et Riantec confirme la qualité de ce site. De plus,
depuis octobre 2005, le Conservatoire du littoral a entrepris une opération
de restauration et de revégétalisation de la côte sauvage de Quiberon et
suivront dès 2006 des chantiers de réhabilitation du littoral de Plouhinec
et Gâvres afin d’obtenir le label « Grand Site » délivré par votre
ministère.

La vigilance de notre association en matière d’effets dommageables sur ce
littoral déjà menacé nous a paru particulièrement nécessaire dans le
contexte actuel. Aussi, nous vous serions obligés de bien vouloir nous
communiquer les résultats d’études ainsi que toute mesure que vous pourriez
engager pour assurer la pérennité de cet espace côtier remarquable.

En effet, les actions menées depuis plusieurs années par les services de
votre ministère sur le projet « Grand Site » doivent être poursuivies. Elles
doivent également rester en cohérence avec la préservation des zones NATURA
2000 intérieures à la rade et l’entourant, avec la survie de la réserve
naturelle de l’île de Groix, ainsi qu’avec la Charte de l’environnement du
Pays de Lorient que vous avez co-financé. Votre intervention directe près de
Monsieur le Ministre de l’Equipement et de l’Industrie est le préalable que
nous attendons de votre part pour appeler son attention sur la
responsabilité de l’Etat Français devant les autres Etats membres de l’Union
Européenne en matière de politique environnementale.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre,
l’expression de mes sentiments respectueux.

Pour le Conseil d’administration
Le président de « Rade Environnement »
Didier Loncle