"Anita, de Groix"

"Dans les temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire"

L’appel de 1 200 soignants :

Publié le 6 octobre 2023 à 11:46

« Nous n’avons pas choisi ce métier pour vous faire subir cette violence et être maltraitants »

Nous sommes contraints de trier les patients, de vous trier. Pis : parfois, nous n’arrivons même plus à vous prioriser par ordre de gravité.
Nous vous trions quand vous faites le 15. C’était normal quand le 15 était un numéro d’urgence permettant une prise en charge rapide des situations vitales (arrêt cardiaque, accident vasculaire cérébral…). Mais vous le savez, le 15 est devenu maintenant l’outil de triage pour accéder aux urgences. Il est probable que bon nombre d’entre vous ne soient même plus pris en charge.
Nous vous trions aussi quand vous attendez une intervention chirurgicale. Vous avez remarqué que votre date est éloignée puis reportée, parfois de plusieurs semaines.

Près de 80 000 lits d’hôpitaux ont été supprimés entre 2003 et 2019. En raison de démissions du personnel, il y a dans certains hôpitaux de France jusqu’à 30 % de lits fermés, parfois des services entiers.

Les directions nous parlent, elles, d’argent, du déficit financier de nos hôpitaux. On nous explique que, pour faire des recettes, il faut faire de l’activité, c’est-à-dire qu’il faut vous faire sortir le plus vite possible. Et si vous n’êtes pas en état de rentrer chez vous, on vous appelle un « bloqueur de lit ». C’est parce que de nombreux lits sont fermés dans les centres de soins de suite et de réadaptation où vous devriez aller. Le personnel est parti.

Nous refusons de poursuivre dans cette logique de l’hôpital-entreprise qui est un échec cuisant : les personnels ont démissionné en masse, ceux qui se forment abandonnent. Nous vous alertons, parce que nous pensons qu’il existe des solutions.

En février, le Sénat a voté une proposition de loi pour garantir des ratios (nombre de patients par soignant) corrects. Ce serait un signal fort qu’il soit voté par l’Assemblée nationale. Avec une rémunération des soignants à la hauteur des enjeux, et les moyens d’une amélioration des conditions d’exercice de nos métiers, la situation peut s’améliorer rapidement. Les blocs rouvriraient, les lits rouvriraient, les urgences rouvriraient, car les personnes et les compétences sont toujours dans notre pays. Il faut leur redonner le goût de l’hôpital public. Pour pouvoir vous soigner dans des conditions dignes, avec une qualité et une sécurité des soins que vous êtes en droit d’attendre, et pour que nous n’ayons plus à vous trier.

Le Monde 6//10/23 (extraits)

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